Les falaises de la baie d’Ecalgrain : Un paysage hérité des oscillations climatiques
Le platier de la baie d’Ecalgrain est dominé par deux falaises successives, une falaise morte et une falaise vive, séparées par un replat en pente douce.
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La falaise morte est le témoin d’une période « chaude » ancienne, au niveau marin élevé,
- Le replat est le témoin d’une période « froide » ancienne, au niveau marin bas,
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La falaise vive est le témoin d’une nouvelle période « chaude » (actuelle), au niveau marin élevé.
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La falaise morte, couverte d’une lande à fougères aux couleurs brunes en hiver est la plus élevée et la plus ancienne. Elle est taillée dans les terrains paléozoïques du socle cadomo-varisque ; son profil, régulier, présente une pente de l’ordre de 30 degrés. Cette falaise, façonnée par l’érosion, correspond à la ligne de rivage d’une période interglaciaire, chaude, à haut niveau marin ; elle dominait une plate-forme d’abrasion marine située presque au même niveau que la plate-forme actuelle (plage fossile environ 1 m au-dessus).
Le replat (formant une « fausse terrasse ») est couvert d’herbages clos de murets de pierres ; il a un profil en pente douce vers la mer. Il correspond aux sédiments périglaciaires (heads et loess) déposés en avant de la falaise morte, lors d’une période glaciaire, froide ; ces dépôts se sont accumulés sur la surface d’abrasion découverte par le retrait de la mer consécutif au refroidissement du climat.
La falaise vive, plus basse et au profil abrupt, est taillée dans les sédiments périglaciaires accumulés au pied de la falaise morte. Elle marque la ligne de rivage actuel, qui correspond à un haut niveau marin caractéristique d’une période interglaciaire, chaude. Son érosion se poursuit actuellement et elle laisse progressivement la place à une plate-forme d’abrasion marine.
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Falaises de la Baie d’Ecalgrain vues de face depuis le platier
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Au premier plan, un cordon de galets recouvre une plate-forme d’abrasion marine ; ce cordon correspond au haut niveau marin qui s’inscrit dans la période chaude actuelle.
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A la base de la falaise, les vestiges de la plage fossile témoignent d’une période chaude ancienne, avec un niveau marin élevé (un peu plus haut que le niveau actuel).
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Sur presque toute la hauteur de la falaise, les dépôts de solifluxion et loess représentent des périodes froides (avec un épisode chaud correspondant à la pédogenèse du loess intercalé), avec un niveau marin bas (jusqu’à – 120 m).
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Au sommet de la falaise vive, le sol brun et les sables éoliens de l’Holocène témoignent d’un réchauffement, qui se prolonge actuellement.
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En arrière plan, la falaise morte a été façonnée lors d’une période chaude ancienne, à haut niveau marin.
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Partie nord de la baie d’Ecalgrain
Dans la partie nord de la baie, les falaises présentent la même morphologie que celle qui a été décrite dans la partie sud : un replat herbu (formations quaternaires périglaciaires) sépare une falaise vive basse et une falaise morte plus haute (terrains paléozoïques du socle cadomo-varisque).
A la pointe du Houpret, il n’y a plus qu’une seule falaise, taillée dans les grés feldspathiques du Cambrien (Paléozoïque) et prolongeant la falaise morte. A ce niveau, il n’y a pas eu de dépôts de sédiments périglaciaires ; ces derniers s’étant accumulés dans la concavité du relief littoral (fond de baie). |
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La falaise du Nez de Voidries, au sud de la baie d’Ecalgrain
S’avançant en promontoire vers la mer, cette falaise n’est pas empâtée par les dépôts de solifluxion périglaciaires ; elle présente le même profil que la falaise morte de la baie d’Ecalgrain. |