Ces paragneiss représentent l’état actuel d’une série
sédimentaire très ancienne argilo-gréseuse (Protérozoïque inférieur, Icartien)
qui a subi successivement les orogenèses icartienne (intrusion
granitique), cadomienne (métamorphisme intense avec début
de fusion), et varisque (filons).
Ces paragneiss renferment de la sillimanite, ainsi que du disthène à l'état de relique ; ils appartiennent au faciès métamorphique des amphibolites.
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Les paragneiss
affleurent dans la pointe rocheuse qui ferme, au sud, l’anse
du Cul Rond ; les rochers sont envahis par la mer à marée
haute.
Ici, les gneiss, globalement gris clair à gris sombre, sont formés
d’alternances de bandes sombres et claires plus ou moins épaisses,
traduisant une hétérogénéité
lithologique originelle ; ils proviennent du métamorphisme
d’une série sédimentaire litée, ce
sont donc des paragneiss.
Cette série sédimentaire ancienne (métasédiments) a été affectée par l'orogenèse icartienne ; elle est donc âgée de plus
de 2 milliards d’années.
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Foliation dans les paragneiss
Les paragneiss présentent une texture macroscopique orientée,
soulignée par les lits sombres riches en biotite et sillimanite
; la disposition planaire des cristaux de biotite définit des plans
de foliation.
Entre les lits sombres, les lits clairs sont constitués de quartz
et de feldspaths (orthose et plagioclase).
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Cristaux de sillimanite
Abondante dans les lits sombres des paragneiss, la sillimanite
forme des baguettes fibreuses incolores qui contrastent
avec le noir des cristaux de biotite.
La présence de sillimanite, silicate d’alumine (SiAl2O5),
indique que d’une part, les roches originelles étaient riches
en alumine (cas des roches argileuses), et que d’autre part, ces
roches ont été portées à haute température
(supérieure ou égale à 650°).
Les roches originelles appartenaient donc à une série
sédimentaire pélitique (riche en argiles). Cette
série sédimentaire s’est trouvée enfouie
entre 20 à 25 km de profondeur où elle a été
transformée en paragneiss (métamorphisme général
de haute température et de moyenne pression).
Les sédiments originels, d’âge protérozoïque
inférieur au moins, ont été engagés dans l’orogenèse
icartienne (2100MA), mais le métamorphisme intense aboutissant
aux paragneiss est, lui, lié à l’orogenèse
cadomienne (600 MA). |
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Diagramme Pression -température
Les paragneiss se situe dans la zone à sillimanite, qui fait partie du faciès métamorphique des amphibolites. |
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A gauche, des plissotements
témoignent de la plasticité des roches
originelles icartiennes, comportement acquis à haute température
; sous la jambe gauche du géologue (Jean Le Gall), la ségrégation
de matériel clair (quartzo-feldspathique) et sombre (biotite et
sillimanite) résulte d’une fusion partielle
des roches originelles portées à haute température
(supérieure à 700°).
Ces observations permettent de conclure que la série sédimentaire
à l’origine des paragneiss a été enfouie à
une profondeur suffisante, entre 20 et 30km, pour atteindre
la température de fusion des minéraux clairs (quartz et
feldspaths). L’enfouissement s’est effectué au cours
de l’orogenèse cadomienne (600MA).
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Petits plis dans les
paragneiss
Les lits clairs et les lits sombres micacés sont irrégulièrement
plissotés et leur tracé évoque la déformation
d’un matériel rendu plastique dans un environnement de haute
température.
Chauffées dans les profondeurs de la croûte terrestre, les
roches icartiennes, devenues des paragneiss, sont devenues malléables
et elles se sont déformées tout en restant solides.
De plus, les lits clairs présentent des dilatations qui refoulent
les minéraux sombres ; ces dilatations correspondent à des
zones où le matériel quartzo-feldspathique a fondu puis
recristallisé. |
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Fusion partielle,
début d'anatexie
La veine claire sinueuse (leucosome) est constituée
de matériel quartzo-feldspathique qui a fondu
puis a recristallisé ; elle est entourée de matériel
sombre résiduel (mélanosome) regroupant les minéraux
réfractaires à la fusion, essentiellement des biotites.
La veine granitoïde claire s’est insinuée à
l’intérieur du gneiss, mais son déplacement a été
limité. Globalement, la roche présente un mélange
de parties d’origines différentes : métamorphique
(paragneiss non fondu) et magmatique (leucosome granitoïde) ; pour
cette raison, elle est nommée migmatite.
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Leucosome
La masse claire épaisse quartzo-feldspathique, ou leucosome,
présente un aspect homogène qui contraste avec l’aspect
folié du paragneiss. Elle résulte de la cristallisation
d’un liquide granitique issu de la fusion partielle des
paragneiss (début d'anatexie).
Les paragneiss ont fondu partiellement : le matériel des lits
clairs (quartz et feldspaths) a fondu pour donner naissance à
un liquide granitique, moins dense, prêt à migrer vers
la surface ; cependant, le taux de fusion ayant été faible,
la progression du liquide granitique a été très
limitée. Ce dernier s’est accumulé sur place et
a cristallisé en formant des leucosomes, dilatations des lits
clairs et grosses ampoules claires, au contenu homogène, dépourvu
de foliation.
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Mélanosome
constitué par les minéraux sombres, plus réfractaires,
qui ne fondent pas et restent sur place
Une ségrégation des minéraux du paragneiss s’effectue
en fonction de leur point de fusion. Des ampoules de matériel
granitique clair se forment là où la fusion a lieu alors
que des zones de matériel sombre accumulent les minéraux
réfractaires.
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Recoupement de la foliation
par un filon clair |
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Un épais filon
clair de matériel granitique, issu de la fusion partielle
du paragneiss, recoupe la foliation plissotée
des paragneiss.
Les textures initiales du gneiss sont pratiquement effacées quand
la fusion est supérieure à 30%. Ici, taux non élevé.
Faible taux de fusion partielle (ne dépasse pas le taux des métatexites)
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Plis dans les paragneiss
Les roches protérozoïques ont été plissées
lors de l’orogenèse icartienne puis lors
de l’orogenèse cadomienne au cours de laquelle
s’est ajouté le métamorphisme.
Des plis isoclinaux affectent la foliation des gneiss qui s’oriente
globalement autour d’une direction sub-méridienne (N10 à
N30° E).
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Mince bande d’amphibolite
Figures de boudinage dans un filon d’amphibolite dans les paragneiss
La foliation des
paragneiss se moule autour des formes boudinées arrondies d’amphibolite.
Cette roche est dense, riche en ferromagnésiens, et constituée presque exclusivement
d’amphibole.
Il s'agit d'un ancien filon de dolérite métamorphisé en amphibolite,
et réfractaire à la fusion.
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Localisation du filon d'amphibolite (image précédente)
On peut l'observer dans la paroi nord de cette cavité envahie les eaux à marée montante.
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