Après la deuxième guerre mondiale, les nombreuses
restaurations ont nécessité l’utilisation de grandes
quantités de pierre de Caen. L’exploitation des carrières
souterraines étant devenue incompatible avec l’extension
de la ville, il a fallu avoir recours à des pierres de substitution
; parmi celles-ci, les plus utilisées furent les autres pierres
bathoniennes de la région comme la pierre de Creully, et des pierres
extérieures à la Normandie comme la pierre de Saint- Maximin. |
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Pierre de Creully et autres pierres bathoniennes
Ces pierres sont très utilisées dans la construction des
murs dans la Campagne de Caen et le Bessin (maisons de bourg, manoirs,
fermes, murs de clôture…); elles ont un grain plus grossier
et elles présentent souvent des litages obliques. Le grain plus
grossier et la texture hétérogène empêchent
le lissage de la roche. L’utilisation de ces pierres est restreinte
aux moellons et blocs de modeste dimension.
La pierre de Creully est actuellement exploitée dans la carrière
d’Orival, située sur la commune d’Amblie. |
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Les litages obliques à alternance de lits durs et tendres, caractéristiques
de la pierre de Creully, se repèrent bien dans
certaines façades du bord de mer exposées aux embruns ;
les lits tendres, plus corrodés par la dissolution, apparaissent
en creux alors que les lits plus durs et plus résistants apparaissent
en relief.
La disposition en lits obliques, à grand rayon de courbure, limite
la résistance de la pierre. |
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Pierre de Richemont
Elle est extraite près de Cognac (Charente maritime), à
partir de couches de calcaire du Crétacé supérieur
(Turonien, 90 millions d’années).
Cette pierre, blanchâtre à crème, est celle qui se
rapproche le plus de la pierre de Caen par son aspect. Comme la pierre
de Caen, elle a un grain fin, elle est compacte et homogène. Elle
a été très utilisée en remplacement de la
pierre de Caen.
Cependant elle présente un inconvénient qui se révèle
avec le temps : contrairement à la pierre de Caen, elles contient
de nombreux petits grains de glauconie (minéral riche en fer) dispersés
dans la masse ; lorsque la pierre est exposée à l’air
et aux intempéries, les grains de glauconie s’oxydent et
donnent de petites taches rousses à rougeâtres qui donnent
à la pierre une teinte rosée. Ainsi, dans les édifices
anciennement restaurés, la pierre de Caen et la pierre de Richemont
se distinguent par la couleur de leur patine, ce qui est dommageable pour
l’homogénéité de l’ensemble. |
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Pierre de Saint-Maximin
D’âge lutétien (étage de l’Eocène,
45 millions d’années), cette pierre est extaite à
60 km au Nord de Paris ; elle aété très utilisée
dans la construction des immeubles hausmanniens de Paris.
Avec ses grands bioclastes, clairs ou sombres, visibles à l’œil
nu, la variété « construction » est nettement
plus grossière que la pierre de Caen, elle ne se prête pas
à la sculpture. Les variétés « franche »
et « fine » sont moins grossières, mais leur porosité
reste globalement supérieure à celle de la pierre de Caen. |
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Craie tuffeau
Extraite des couches de craie turonienne (Crétacé supérieur)
de Touraine, cette pierre, très tendre et moins résistante,
est peu employée en Normandie. |
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Exemple de restauration avec des pierres exogènes.
Dans les remparts du château, des pierres exogènes utilisées
en pierres d’angle et dans le soubassement, se distinguent des pierres
de Caen environnantes par une patine beaucoup plus sombre. Image
à survoler |
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Pierres exogènes dans la façade restaurée
de l’église Saint-Nicolas à Caen
La façade présente des hétérogénéités
dues à l’emploi de pierres d’origine exogène
; les piliers du porche ont été restaurés avec de
la pierre qui a acquis une patine grise ; on retrouve la même pierre
grise dans la base du mur de façade. Au-dessus du porche, des pierres
brunes s’ajoutent aux pierres grises dans la restauration du mur
de façade ; certaines pierres brunes à ocre, présentant
des litages obliques, correspondent probablement à la pierre de
Creully. Image à survoler |