La PIERRE DE CAEN - Matériau de construction
Exploitation d'une carrière à ciel ouvert - Les Aucrais

Traversée par la route nationale Caen - Falaise, la carrière des Aucrais est située au Sud-Ouest de Cauvicourt (visible au premier plan) et à l’Est des villages de Gouvix et Urville (en arrière plan). Elle est creusée dans les calcaires bathoniens de la Campagne de Caen. Ces calcaires couverts de lœss ont permis l’installation de grandes exploitations céréalières avec des cultures en champs ouverts (céréales, betterave, colza...). Ce paysage ouvert contraste avec le paysage bocager (en dernier plan, vers l’Ouest) de la butte couverte de bois et parcelles entourées de haies, et dont le substratum est constitué par des grès et schistes du Paléozoïque.
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La carrière s’est considérablement étendue, en particulier jusqu’en 1989, pour fournir à la sidérurgie caennaise (la SMN) le calcaire, nommé castine, nécessaire au traitement du minerai de fer. Elle présente actuellement, séparées par la route de Caen – Falaise (N 158) et reliées par un tunnel, deux parties :
- à l’Ouest, la partie plus ancienne supporte les installations annexes d’exploitation (concassage) ; en 1997, la société France Déchets y a créé un Centre d’enfouissement d’ordures ménagères et de déchets industriels banals (Aucrais I).
- à l’Est, le front de taille est beaucoup plus étendu et encore exploité par Carmeuse France pour fournir du carbonate de calcium aux industries (cimenteries, agro alimentaire …). Le plancher de la carrière a été en partie recouvert de terre et restitué à l’activité agricole. Ce secteur (Aucrais II) est aussi destiné au stockage de déchets ultimes par la société SITA FD, avec un projet d’extension vers le sud sur le territoire de la commune de Bretteville –le-Rabet ; l’autorisation d’exploitation (30 mars 2005) s’accompagne d’une contrainte de réhabilitation paysagère.
Front de taille de la partie ouest de la carrière
Le front de taille, vertical, longe la route nationale de Caen à Falaise. Il expose à ciel ouvert une coupe du Bathonien moyen, avec de bas en haut : le sommet du Calcaire de Caen, le Calcaire de Rouvres (équivalent du Calcaire de Creully au sud de Caen), et le Calcaire de Blainville (équivalent du calcaire de Bonmesnil de la région de Falaise).
Le passage du Calcaire de Caen au Calcaire de Rouvres est progressif ; il se traduit par une amorce de stratification oblique et une augmentation de la taille des grains constitutifs (bioclastes, pellétoïdes).
Au sommet, le Calcaire de Blainville, à stratifications obliques et riche en oolithes, surmonte le Calcaire de Rouvres par l’intermédiaire d’une surface d’érosion.
L’évolution des caractéristiques des trois formations calcaires successives indique une augmentation croissante de l’agitation du milieu de sédimentation.
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Dans la partie ouest, un petit front de taille a été creusé dans le sommet de la formation du Calcaire de Caen pour extraire à ciel ouvert, de 2002 à 2003, de la pierre de Caen, pour approvisionner les chantiers de restauration des Monuments Historiques. Au premier plan, la surface plane correspond à une surface supérieure d’un banc exploitable. L’extraction de pierre destinée à la construction n’a pas été poursuivie, car le remplissage en ordures ménagères a progressé plus rapidement que prévu et a gagné ce secteur. Désormais, la pierre de Caen n’est plus extraite que dans la carrière souterraine de Cintheaux réouverte en 2004 et exploitée par la Société des carrières de la Plaine de Caen.
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Le sommet de la formation du Calcaire de Caen renferme des cordons de nodules siliceux gris parfois volumineux. Ces silex sont un obstacle à l’exploitation du Calcaire de Caen en vue d’une production de pierre de taille.
Ces silex ont été exploités au Néolithique dans des cavités minières souterraines creusées dans les calcaires bathoniens à Bretteville-le-Rabet (commune voisine). De nombreux pics en silex taillé ont été retrouvés dans les anciens puits d’extraction.
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La partie ouest de la carrière est actuellement en voie de comblement. On y enfouit les déchets ultimes. En effet, depuis l’arrêt de l’extraction du calcaire dans ce secteur, un Centre d’enfouissement des ordures ménagères a été créé. Au fur et à mesure de leur déversement dans la carrière, les déchets sont recouverts de remblai ; ici le remblai du versant nord de la carrière, mal stabilisé, a été affecté de glissements.

Références bibliographiques :
Le Jurassique des Côtes du Calvados, O.Dugué, G.Fily, M.Rioult, septembre 1997.
L’exploitation ancienne des roches dans le Calvados : Histoire et Archéologie
Reprise de l’exploitation de Pierre de Caen – Site de Cintheaux, Commission de suivi, 6 mai 2003
Sites internet :
la-smn.com.chez-alice.fr/intro_aucrais.html
Carmeuse.fr